Biographie
L’artiste

L’artiste à l’oeuvre
Louise-Marie Thomassin
Louise-Marie Thomassin est née sur les rives du fleuve St-Laurent, à Québec. Elle commence à dessiner à un jeune âge avec sa mère qui peint elle-même à ses heures. Elle passe des journées entières à dessiner et à expérimenter de nouvelles techniques chez une amie dont la mère est artiste dans l’âme. Ces techniques apprises durant l’enfance émergent encore à ce jour dans certaines de ses peintures.
Les années soixante-dix sont marquées par la libération la femme. Cette période où les femmes se redéfinissent correspond d’une certaine manière à une période d’effervescence, de découvertes et de prises de conscience. Louise-Marie partagera alors sa vie entre ses deux parents, qui ne vivent plus dans la même ville ni dans le même pays. Elle passera ainsi son adolescence entre Ottawa et des séjours en Algérie, en Suisse et au Sénégal.
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Comme ses tableaux en témoignent, Louise-Marie sera particulièrement marquée par les moments de rupture qui ponctuent la vie de chacun, et par l’univers des femmes de toute origine – leur quête d’autonomie, leurs combats intimes, leurs périodes de gestation et de révolte, leur résilience et leur capacité à porter, nourrir, donner tout en cultivant leur terre intérieure – autant de thèmes qui se traduiront dans son œuvre par des lignes fluides; le plissement d’un voile où se cache un mystère; la présence de l’eau, de la végétation et de la lune, et par des effets de transparence évoquant les couches de l’être.
Au secondaire, Louise-Marie suit les cours d’art visuel de Paul de Broeck, qui enseigne à ses élèves le dépassement de soi et les invite à chercher en eux les contours d’une vérité éthique et esthétique qui leur serait propre. La jeune artiste plonge alors dans son univers intérieur pour en extraire des lignes et des couleurs singulières. Elle suit également divers cours de poterie, de peinture et de dessin qui stimuleront sa curiosité à l’égard des formes et des textures. C’est grâce à son professeur et guide Louis Couture que Louise-Marie, arrivée à l’âge de la quarantaine, se laisse gagner par cette envie de se réaliser grâce à la peinture. Plus récemment, elle a étudié avec Morin St-Georges qui lui a appris à donner plus d’amplitude à ses toiles en adoptant un nouveau processus créatif qui allie cohérence et complexité.
Le parcours académique de Louise-Marie est atypique, puisqu’après avoir étudié en philosophie, elle décroche une maîtrise en administration des affaires (MBA), avant d’étudier en arts visuels. Cette attirance vers l’abstraction et vers des savoirs plus pratiques lui a permis d’allier deux dimensions complémentaires et indissociables qui sont, selon elle, essentielles à l’action. Grâce à cette formation, elle a travaillé en développement économique pour ensuite entreprendre une carrière en développement international, suivant ainsi les traces de son père. Ses missions en Amérique latine et en Afrique nourriront sa réflexion sur la force tranquille des femmes, leur grande solidarité et leur faculté à réinventer leur place dans le monde. Louise-Marie adhère à la vision de Djemila Benhabib qui, dans son magnifique livre, Des femmes au printemps, souligne que « quel que soit notre point de chute sur cette planète […] le destin des unes dépend de celui des autres ». Ainsi retrouvera-t-on dans les toiles de l’artiste des caravanes de femmes, des silhouettes enveloppées dans les plis d’étoffes colorées, marchant toutes vers une même destination; ou encore des visages féminins où se lisent l’espoir et la promesse de lumière.
Louise-Marie vit avec son mari à Montréal. Elle a un atelier à Sainte-Thècle en Mauricie. Elle est mère de trois enfants qui ont maintenant déployé leurs ailes et qui sont les « trois plus belles œuvres » de sa vie.
Démarche artistique

Atelier de l’artiste (Sainte-Thècle, QC)
Pratique artistique
Je travaille avec le fusain, le pastel sec et l’acrylique. Je dessine d’abord au fusain des courbes et des traits spontanés sans me soucier des formes produites ou du sujet. Par la suite, j’asperge la toile d’eau et j’observe les coulées noires qui prolongent les traits et peuvent créer des espaces plus subtils, telles des silhouettes ou des trajectoires. Ces espaces composent la trame du tableau et deviendront le lieu de jeux de lumières, d’interactions entre les couleurs. Je colore ensuite certains espaces de cette trame en me souciant uniquement de l’effet des couleurs. En prenant un peu de recul, j’observe la relation entre les étendues de couleurs, notamment en termes de dimensions et de tonalités. À l’aide du pastel sec, je redécoupe les espaces, tandis que d’autres sont regroupés afin de créer une alternance entre les formes de petite et de grandes dimensions. Avec des couches successives de glacis, je crée des rapports dynamiques entre les espaces foncés et les espaces lumineux, tout en ajoutant plus de profondeur à l’œuvre grâce à la transparence.
Recherche artistique
Ma recherche vise à évoquer la temporalité et à donner à voir les changements qui s’opèrent avec le temps dans les consciences individuelles et collectives. M’inspirant de la théorie des couleurs de Kandinsky, j’utilise les jeux de couleurs pour créer un mouvement dynamique qui confère une temporalité à mes sujets. Les couleurs claires symbolisent ainsi le rayonnement vers l’avenir, alors que les teintes plus foncées suggèrent le passé et l’antériorité. De la même manière, le jeu des dimensions des formes symbolise le contraste entre les actions individuelles et les changements profonds de la société. Le mouvement de va-et-vient entre les formes étendues et les formes plus ténues illustre la manière dont les actions individuelles que l’on croit éphémères peuvent avoir une portée dans le temps et conférer à l’existence humaine tout son sens et son caractère de continuité. Il rappelle que chaque action individuelle appartient à la grande trajectoire commune des pensées et des aspirations et que les luttes les plus fécondes sont celles qui s’appuient sur l’engagement des générations qui nous ont précédés.